Pourtant, quoi d'innovant, de particulièrement imaginatif dans cet album ? A propos de grand-mère, il s'agit bien ici de faire du neuf avec du vieux et de remettre le rock d'avant-hier au goût du jour. Quand c'est réalisé proprement, sans s'emporter, peut-être sans grande distinction mais avec une maîtrise évidente, j'adhère. Les puristes y verront un punk-rock dévoyé, très hype, qu'on imagine volontiers échappé d'une cave où se retrouve une bande de copains à Versailles plutôt qu'à Trappes... The Rakes chantent d'ailleurs les préoccupations existentielles d'une classe moyenne fatiguée, pas trop intellectuelle, qui file au pub pour une bonne bière après le boulot - finalement assez loin du "no future" de la belle époque. Aussi propre sur lui soit-il, "Capture/Release" (suivi d'un "Ten new messages" qui appliquait plus poussivement la même recette-fraîcheur) propose une succession de titres francs du collier, honnêtes et sans bavure.
jeudi 6 mars 2008
"Capture/Release" - The Rakes
Les soirs de répétition, les Sept Dernières Paroles du Christ me laissaient dans un état proche de l'apoplexie. Les architectures de Haydn, ses tempi pénétrés, la subtilité des changements de ton, le climat introspectif d'une œuvre écrite pour la méditation, enfin la folle gaieté du sublime et la concentration qu'elle exige, après ces deux heures que j'endurais tassé contre mes camarades à la tribune de notre chapelle minuscule, finissaient toujours par avoir raison de mon enthousiasme pour l'existence. Imaginez un uppercut tourné au ralenti : au final, je m'effondrais tout de même bien au tapis ! Le Terremoto conclusif me bousculait un peu mais passait, pour le coup, en un souffle. Mes dernières forces, je les employais à en compter les mesures pour ne pas manquer les départs et j'émergeais de cette application laborieuse épuisé et ahuri - ahuri, la fadeur en bouche, saturé du beau, mais non désespéré : je savais détenir un efficace remède de grand-mère, quelque chose qui tenait dans la poche, frais, sensuel, immédiatement revigorant, plus dynamisant qu'un gel-douche à l'argousier, plus excitant que le bois bandé, et qui me renvoyait aussitôt dans le monde matériel. Tous les mardis à 23h dans le métro, sur le chemin de retour vers mon taudis, je m'en oignais les oreilles et poussais le volume de mon iPod.
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