lundi 15 mars 2010

Rome en Rome

Rome,

Rome des arts,

de la transverbération

ou de la ferveur élégante,

Rome des gisants.

Ah ! Rome des arts aussi

- mais peut-être l'ai-je déjà dit.

Et Borromini,

Borromini,

Borromini,

Borro-
mini !
Je vous assure.

samedi 13 mars 2010

La Poire est hackée : un ver dans le fruit


Je passais déjà du temps à supprimer les commentaires-pirates, de ceux qui comportent des liens à la pelle rivalisant d'inutilité. Que ne feraient-ils pas pour gagner quelques places dans les algorithmes de Google ?

À présent, c'est directement à la page html de la Poire qu'on s'en prend. Tiens, une immense barre de défilement horizontale dans mon navigateur. Tiens tiens, la page s'étend loin sur la droite... Oh ! et ce lien perdu dans la blancheur des limbes ! Qui l'y mit ? Pas moi.

Des idées pour s'en débarrasser ? Toute aide sera la bienvenue !
:-/

Edit : Merci Olivier et Flo, tout est rentré dans l'ordre !

jeudi 11 mars 2010

"L'Arbre et la forêt" - Olivier Ducastel et Jacques Martineau (2)

L'action prend place dans une possible maison de campagne, cernée d'une forêt tout aussi possible et indifférenciée. L'absence de plan continu de l'une à l'autre, ou un montage abrupt, délimite des champs hermétiques. La maison s'élèverait aussi bien au cœur du village ou au bord de la nationale si on ne nous informait du contraire. Il faut croire. Chacun de ces espaces se fait scène d'un certain théâtre : pourquoi pas ? De la forêt à la maison, un carré de pelouse, cerné d'un mur dont on n'apercevra que la face intérieure, assure une manière de transition. Dans ce bout de jardin clos, face à la porte, notre arbre n'en finit pas de perdre ses feuilles en un automne fait exprès. Les tons, une lumière dorée qui tranche derrière le lugubre des intérieurs, dans une demeure dont on comprend mal les agencements, deviennent la matière d'un jeu de contrastes et d'indifférenciation. Ces partis-pris signifient donc quelque chose. Faut-il y voir de plus près ?

Finalement non. Déjà l'affiche en disait trop : regardez, l'arbre seul porte une ombre ! L'arbre existera donc, chacun cristallisera sur lui les états de son âme mise à nu. Les personnages, quant à eux, ne quitteront pas le cadre qu'on leur a dessiné. Peut-on vivre sans ombre ? Je suivais la mienne sur le trottoir tout à l'heure, heureux de nous voir débarrassés des ciels mornes de l'hiver qui vous nimbent d'un éclat blafard - sans ombres. Au cinéma, si le scénario le définit tout à fait, le personnage ne sortira pas de l'écran, étriqué dans ses deux dimensions, gêné aux entournures. Il ne pourra lever un bras, hausser un sourcil sans qu'on pense : "évidemment, parce que"... Les personnages gagnent en épaisseur à se définir un peu en creux. Le paradoxe n'est qu'apparent. Ce creux-là, la fiction par magie l'emplit mieux qu'un discours.

Dans L'Arbre et la forêt, tout s'explique, tous tiennent leur place, rien n'est laissé au hasard. La musique aussi doit forcément faire sens. Elle emprisonne encore davantage le personnage de Frédérick interprété par Guy Marchand. Il ne s'agit pas seulement de son goût pour Wagner ; chaque extrait du Ring superpose un discours sur l'image et souligne un état ou une intention. Marianne (Françoise Fabian) en relève une explicitement. On peut en trouver d'autres, comme cette fin sur le prélude de l'Or du Rhin, œuvre elle-même considérée comme le prologue, l'exposition des trois "mouvements" à suivre. Comment ? Pour ces personnages enfin délivrés de leurs enfermements intérieurs, tout commence au générique de fin ? Eh ! oui, on aura compris.

Dans ce film taillé au cordeau, il en est une qui tire sa folle épingle du jeu. Je n'avais pas étudié la distribution avant de voir ce film, je l'ai donc retrouvée avec surprise et bonheur. Une fois et vite percé le secret de famille, seul un personnage extérieur à celle-ci pouvait renouveler un semblant de tension dramatique. Et cette ex-belle-fille décèle à la fois moins et davantage dans cette histoire que ce que les autres ne veulent y mettre - bien mieux qu'un faire-valoir, plus sûre et plus saine. Catherine Mouchet donne ainsi un peu de son souffle à l'œuvre, de sa diction particulière, laissant traîner un accent sur telle syllabe ou des fins de phrases comme en suspens. C'est un beau personnage qu'elle nous sert là en trois ou quatre scènes, le plus simple et le plus libre à la fois. Ses intentions sont d'ailleurs les moins formulées. On pourrait juger déplacée sa façon de rester chez ces gens à qui plus rien ne la lie, de les écouter si activement, de tenter d'extirper des autres ce qu'ils ont d'enfoui, de choisir précisément la musique qui les fera pleurer. Mais je la crois vouloir les tirer vers son propre versant de la liberté.

On ne la voit pas assez. On ne l'entend pas assez. Elle transfigure chacune de ses répliques mais je déplore finalement sa présence, cause chez moi de tant de frustration dès que la caméra la quitte. Et je pourrais enfin m'attrister de ce qu'un bon gros sujet nécessaire comme celui-là n'ait pas donné lieu à davantage d'attention et de finesse.

lundi 8 mars 2010

"L'Arbre et la forêt" - Olivier Ducastel et Jacques Martineau (1)

Certains demi-échecs irritent plus que la nullité. Au moins cette dernière joue-t-elle la franchise : aucun espoir n'est permis. Sur un naufrage complet, pas besoin de tergiverser. On constate. On s'en remet vite en fin de compte, le lendemain déjà on aura oublié. C'est le mérite de l'exécrable. Mais des premiers, les qualités gâtent les défauts, non l'inverse. Dans ces demi-échecs, entreprises aux résultats en demi-teinte, les erreurs ou les imperfections perdent le bénéfice de la brutalité pleine et sincère, bien préférable. La différence ? L'amertume, car même les bonnes idées goûtent en leur défaveur ; elles laissent trop deviner ce que ces "mi-figue" ne seront pas "mi-raisin", et toutes les nuances de saveurs qu'elles auraient pu haler avec ça. Le pourrissement s'étend souvent depuis la face qu'on croyait la plus saine.

On nous a déjà fait le coup avec "La Journée de la jupe". Enfantine, la recette du demi-ratage, rien que du petit ordinaire. D'abord un bon gros sujet, que les mal-intentionnés qualifieraient de juteux, qu'on pourrait dire aussi bien "nécessaire" pour céder à la mode d'un certain langage, c'est-à-dire passionné, politique, sociologique, syncrétique des manières dont chacun, sur des plans multiples, intime et social, croit sentir et comprendre son époque. Tout est là : le bon sujet, objectivement bon. C'est non seulement l'unique condition "nécessaire" et elle s'avère suffisante, ce qui réduit avec bonheur l'ampleur de la tâche. La suite est un jeu d'enfant puisqu'il n'y en a pas. Suivez plutôt : le réalisateur ne semble pas manquer d'imagination ? Changez-en. Un aveugle fera l'affaire, un paralysé aussi bien si c'est par le sujet. Travailler la narration ? Un scénario, ne l'oubliez pas, se réduit à l'énoncé : il est ficelé quand tout est dit. Des dialoguistes ? Pourquoi ? Ils risqueraient de faire parler un ministre comme un ministre en mieux, un flic comme un flic en mieux. La transcendance, c'est la mort du sujet. Hop ! Et puis par pitié, ne fouillez pas trop les personnages, ils risqueraient de s'incarner. Les acteurs s'en débrouilleront s'ils ont l'étoffe. Voyez ? Simple comme bonjour. Ne surtout pas laisser reposer - contradiction foncière avec l'esprit même de la recette. Servir brûlant.

Ni génial ni ridicule. Ni beau ni détestable. Ni assez fort, ni trop amorphe. On vous remerciera de toute façon d'avoir effleuré la question. Les enseignants s'y reconnaîtront, les élèves s'y reconnaîtront, tout le monde y trouvera sa part de filandreuse vérité. Voilà le plus scandaleux : vous n'aurez fait que mollement votre travail. On ne vous en tiendra pas rigueur parce que le terme même de rigueur a perdu tout sens depuis longtemps.

On trouve hélas parfois de ces cancres qui n'ont plus de raison et prétendent oublier notre savante petite manière. Alors ? On n'en fait qu'à sa tête ? Si ça vous chante. Après tout, vous vous userez plus vite à ce labeur. Et si dans "Un Prophète" les détenus ou anciens détenus retrouvent aussi cette fois la vérité de leur prison, ne pouvait-on pas se dispenser des falbalas ? Pourquoi se mettre dans des états pareils, suer eau, sang, alcool, hurler comme un possédé ? On s'autorise du monde là-dedans : de l'image, de la lumière, du rythme, du développement, de l'invention, du cru et du cuit... Bah ! Vous n'avez pas peur de l'indigestion ? Et puis travailler son personnage jusqu'au mythe ? Écrire ? Filmer ?! Je vous jure, l'infinie tristesse...

samedi 6 mars 2010

Matières

Marbre.


Émail.


Bois.


Verre.


Cuir.


Cachemire.