La fin du film d'Ari Folman m'a surpris en larmes, avec le sentiment qu'on m'en avait dévoilé encore un peu plus sur l'humain. Malgré des beautés indéniables - un art de la couleur, une bande-son extraordinaire - le propos touche davantage que la forme ; certaines séquences ratées, mal dessinées, souffrent d'une animation assez pataude. Pourtant, cette fois, je trouve les rares arguments avancés pour éreinter ce film, parmi des concerts d'éloge, plus révélateurs que les dithyrambes. Après tout, il suffit de voir : l'émotion que j'ai ressentie est à la portée du premier venu.
Passons sur les reproches de psychologisme : on peut blâmer Soulages pour une palette trop noire, ou Proust pour l'ampleur de son lexique. Au palmarès des critiques les plus surprenantes que j'ai lues sur ce film figure en bonne place l'idée selon laquelle il ridiculiserait l'armée israélienne. Me voilà, de mon petit cumulus en rase-mottes, catapulté sur une autre planète.
A l'inverse, d'autres y voient une tentative scandaleuse de minimiser le rôle d'Israël dans le massacre de Sabra et Chatila. J'ai lu quelque part ce complément qui m'a laissé songeur : "Il se déculpabilise en accusant les autres", quand Folman cherche à regarder enfin, pour lui-même et son pays, la réalité en face. N'est-il pas plus simple d'occulter que de se savoir coupable ? On m'a d'ailleurs rapporté les dires d'une personne qui, contre tout sens élémentaire de psychologie, jugeait peu crédible le fait qu'un homme puisse, suite à un traumatisme, abolir tant de choses en esprit. Et face à l'ensemble de ces propos, devant ce refus de démordre de schémas a priori, je me demande si ma naïveté résistera longtemps et si tout discours, effectivement, relève du politique.
Il me reste la consolation qu'en grande majorité, mes contemporains savent mettre de côté leurs inclinations sionistes ou antisionistes, faire usage en tout lieu de leur intelligence et regarder ce film, simple et magnifique, pour ce qu'il est.
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