samedi 4 octobre 2008

Zhu Derun



Voici un arbre encore que j'aurai longtemps contemplé. Le tronc semble fait de la matière même du rocher. Aux brins d'herbe à sa base, tout en griffes, je ne me frotterais pas plus qu'à ses épines. S'il est mort, tout est mort autour de lui. Dans les branches s'accrochent des lianes, des rubans, que le vent porte jusqu'à l'abstraction. Et quelle énigme que ce cercle ! un cercle parfait sur le papier, dans lequel le monde entier se reflète. Ainsi, plus je le regarde, plus je me pénètre de l'évidence d'être fait, moi aussi, de la matière même de ce rocher.


Crucifixus
A. Lotti

10 commentaires:

Philippe a dit…

Tu as vraiment de bons goûts musicaux Patrick !! Si je ne m'abuse, il s'agit d'un enregistrement dirigé par Thomas Hengelbrock et publié chez DHM... C'est ça ? Un disque sublime que je possède également.

Ravi d'avoir fait ta connaissance hier. C'est sympa d'être passé rapidement nous voir à la M3T.

Patrick a dit…

Tout juste, Philippe ! Depuis des semaines que j'écoute ce disque, je n'arrive pas à en faire le tour - vraiment splendide !

Désolé de n'avoir pu passer qu'en coup de vent hier. J'ai dégusté en rentrant le soir un DHP n.3 en pensant à vous.

Si Thomas passe dans le coin : le concert de Rajeev Taranath m'a laissé songeur. Ce monsieur, c'est d'abord une présence, une intelligence pétillante et pleine d'humour. Par exemple, expliquant que le morceau qu'il allait interpréter était un "mix", un "cocktail" de ragas, il précisa que le raga de base, "le vin auquel venaient s'ajouter d'autres liqueurs", ne s'appelait hélas pas "wine", mais "kofi"... Ou demandant aux techniciens plus de volume en retour, il ajouta : "I promise to play gently..."
Le sarod est un bel instrument, cette manière de continuer à jouer sur la corde sans la pincer de nouveau donne des modulations saisissantes, avec un côté parfois bluesy très agréable. Mais son premier morceau, joué seul (sans tabla), était déconcertant : note à note, chaque fois qu'une mélodie semblait se construire, c'est sur autre chose qu'il partait ; cela donnait quelque chose de complètement déconstruit - pas forcément dans un sens négatif, plutôt au sens d'une peinture cubiste. Très étonnant.
Dans la suite, j'ai apprécié que le concert ne se poursuive pas uniquement sur des morceaux de bravoure en dialogue entre le sarod et la tabla. Dans les rares concerts de musique indienne auxquels j'ai assisté, ce côté "délire entre potes", mi-émulation, mi-complicité au plus pointu de la technique, avait quelque chose de sympathique mais, au final, un peu lassant. Là, Taranath m'a juste laissé l'impression d'être un serpent charmé, qui ne demande qu'à sortir de son panier en ondulant...

Calyste a dit…

Merci, mon cher Patrick, pour ton dernier commentaire chez moi.
Je reste souvent muet ici, mais je passe pratiquement chaque soir.

Anonyme a dit…

Chouette que ce concert t'a charmé Patrick. C'était aussi sympa de se voir samedi même si ce n'était pas long. Merci d'être venu nous saluer!

Patrick a dit…

Calyste : pratiquement chaque soir, tu tombes sur un article que tu as déjà lu. Rares sont ceux qui nous offrent le plaisir d'une lecture vive et renouvelée avec une régularité égale à la tienne ; je regrette de ne pas pouvoir t'en offrir autant.
Bon, je penserai bien à toi pendant les prochaines semaines.

Oui Thomas, charmé par ce personnage ! Et j'espère avoir à l'avenir d'autres occasions de vous voir vraiment.

Thomas a dit…

j'ai cherché pour toi une bonne vidéo de sarod qui montre bien les talents du plus grand maitre de cet instrument: ustad Ali Akbar Khan

http://fr.youtube.com/watch?v=hobK_8bIDvk&feature=related

tu trouvera d'autres vidéo de lui...

Thomas

Patrick a dit…

Ssuper intéressant !
Si j'ai bien compris, Taranath a travaillé aux côtés de ce monsieur.
Merci Thomas !

Anonyme a dit…

Si je ne me trompe, cette peinture s'intitule "chaos". Reste a savoir ce que ca represente dans la tradition chan... saluts americains

S.

Patrick a dit…

Eh ! quelle surprise et quelle joie !
Effectivement, le titre de cette peinture semble signifier "chaos premier" ou quelque chose d'approchant. Le texte qui l'accompagne, que j'ai malheureusement dû couper pour prendre la photo, est passionnant :

"Le chaos n'est pas carré, mais rond ; pas rond, mais carré. Avant l'apparition du ciel et de la terre, il n'y avait pas de formes, mais cependant les formes existaient ; après l'apparition du ciel et de la terre, les formes existèrent, mais leur dilatation et leur contraction constante, ou leur resserrement et leur déploiement, les placent au-delà de toute mesure".

Chan ou taoïste, quoi que ce soit, ça vous a une certaine gueule, tout de même.
Je t'embrasse.

supernova a dit…

j'ai vu ce tableau de Zhu Derun à New York, lors de l'expo sur la dynastie Yüan au Metropolitan en 2010. Impressionnant! Si quelqu'un sait le chinois et peut me traduire l'ensemble du texte (lui aussi de Zhu Derun), je joindrai une photo. On la trouve d'ailleurs en divers points du Net. Merci!